but i still love you (r)

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Pris dans les embouteillages new yorkais, je laissai ma tête tomber sur le volant en commençant à m'impatienter. Dans les cas extrêmes comme celui-ci mon côté parisien ressurgissait et je mourrais d'envie de klaxonner un long moment, ça me défoulerait. Mais même dans une grande ville américaine comme celle-ci, ce serait mal vu. Il était 20h et ça faisait bien 45 minutes que j'avais quitté le journal... Maudite circulation ! Je voulais rentrer tôt, je voulais reprendre mon statut de mari parfait dans un couple parfait à la vie parfaite. Je voulais acheter des fleurs pour Deborah, je voulais lui parler, lui expliquer que toute cette n'histoire n'était rien, que cela n'avait aucune importance pour moi, que je l'aimais. Oui, c'était peut-être dur à croire, surtout pour elle qui se sentait trahie, mais cela restait la vérité : j'aimais toujours Deborah, mes sentiments à son égard n'avais en aucun cas changé. Mais comment lui expliquer ? Comment lui expliquer que je la trompais pour... rien ! Je n'avais aucune raison valable, c'était arrivé, c'était tout. J'en avais honte, je ne méritais certainement pas son pardon mais pourtant c'est ce que je voulais, qu'elle me pardonne, qu'elle arrête ce mutisme à la con, que tout redevienne comme avant. Mais on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière. Pourtant je n'allais pas baisser les bras, j'allais me battre pour garder Deborah, pour remonter dans son estime. C’était trop bête, je refusais que ça se termine comme cela, je refusais que cela se termine tout court. Mais comment lui dire ? Comment lui faire comprendre que pour moi, rien avait changé, qu’elle était toujours la femme de qui j’étais tombé amoureux il y a deux ans de cela à la terrasse d’un café ? Surtout si je restais bloqué dans ces embouteillages ! Elle allait encore croire que j’avais passé le début de la soirée avec elle, et elle avait des raisons de penser ainsi mais c’était faux. Je n’avais pas revu Mary depuis le fameux soir où Deborah a tout découvert.

Ça allait mal entre nous, très mal. Deborah refusait de m'adresser la parole et de rester trop longtemps dans la même pièce que moi. Elle ne voulait plus dormir dans le même lit que moi, notre vie était devenue un véritable cauchemar. J'avais envie de pleurer en pensant à tout ce gâchis. Et tout ça par ma faute... Quand la route se déboucha quelque peu, je dus retenir mes larmes. J'appréhendais, comme tous les soirs maintenant mon retour à la maison. Deborah vivait très mal la situation, elle buvait, fumait trop et réagissait vite et violemment. La femme que je connaissais par coeur pour avoir partagé ma vie avec elle pendant deux ans se transformaient en une personne d'une hostilité rare à mon égard. Dans ses yeux dans lesquels j'avais lu jadis tant de magnifiques choses, je ne voyais maintenant que de la haine et même parfois, lorsqu'elle finissait la bouteille de vodka, du dégout. A 20h30 j'entrais dans l'immeuble et je montai les escaliers quatre à quatre jusqu'à notre appartement. La musique résonnait à fond dans le salon et Deborah dansait, une bouteille vide à la main et les yeux fermés, comme une petite fille. Dès qu'elle me vit, elle recula vivement prête à s'enfermer dans la chambre. J'avais prévu le coup, elle m'avait eu une fois mais pas deux et je la saisis par le bras. « Lâche-moi ! » Elle se débattait violemment mais je réussis tout de même à l'asseoir de force à mes côté sur le canapé. Les larmes lui montaient aux yeux et d'une petite voix cette fois elle murmura : « Laisse-moi... Retourne voir ta pute... » Ses propos me firent l'effet d'un coup de poignard en plein coeur. Je lui pris la main et le dis, tout bas à mon tour « Je m'en moque de ma pute, je m'en contrebalance de cette fille, c'était rien, je te le jure! Deb, je suis tellement désolé... Je t'aime d'accord, crois moi je t'en supplie. »

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Elle semblait s'être un peu calmée, mais vu l'état d'ébriété dans lequel elle était, je m'attendais à un retournement de situation à tout moment. En la regardant dans les yeux, je me demandais pourquoi j'avais fait ça, pourquoi j'avais été assez faible pour la tromper elle, la femme que j'aimais, la femme que j'avais épousé, pour le meilleur et pour le pire. Et bien voilà, le pire arrivait et uniquement par ma faute. Le problème c'est que je ne savais pas comment lui expliquer que je n'avais eu aucune raison de la tromper. Je savais, pour très bien la connaitre, qu'au fond d'elle-même elle se demandait ce qu'elle avait bien pu faire de mal, quel problème elle n'avait pas vu. Mais justement, des problèmes il n'y en avait pas, j'avais agi bêtement, sur un coup de tête et à part mettre ça sur le dos de la crise de la trentaine (ça doit bien exister non ?) je ne savais pas du tout comment l'expliquer. Elle me regardait en silence, les larmes aux yeux avant de me lancer d'un ton désespéré : « Alors pourquoi ? Pourquoi tu m'as trompé ? Et pourquoi devrais-je te croire... ? » Je ne savais pas quoi lui dire. Je ne voulais pas qu'elle m'en veuille mais pourtant je méritais sa haine. Si la situation avait été inversée je ne sais pas comment j’aurais bien pu réagir. Je regardais le sol, mort de honte et je dis sans oser croiser encore une fois son regard plein de reproches : « Je sais pas quoi te dire Deb. C’est arrivé, c’est tout. J’en suis pas très fier, j’en ai même honte parce que tu ne mérites pas ça, on ne mérite pas ça, pas nous, pas notre mariage. J’y tiens trop, je tiens trop à toi pour vouloir gâcher ça. Pourtant je l’ai gâché, j’ai fait une connerie mais je voudrais que tu me pardonne… s’il te plait, crois-moi quand je te dis que je t’aime plus que tout. » Comme j’aimerais revenir en arrière et éviter cet écart de conduite. Je savais que si elle me pardonnait plus rien ne serait comme avant, elle douterait toujours de moi. A chaque minute que j’aurais de retard, elle pensera que j’étais avec une autre femme. Et le pire c’est que je ne pouvais pas lui en vouloir. Il était tout à fait normal et humain d’exiger la fidélité de son époux et même ça, je n’avais pas été à la hauteur. Pourtant je ne voulais pas la perdre, je ne pouvais pas. J’avais déjà traversé la moitié de la planète pour la retrouver, pour lui dire que je l’aimais, pour l’épouser, pour m’installer dans un charmant appartement avec elle. Je la pris par la main et la força à s’asseoir près de moi sur le canapé. « Tu la vois encore ? J'en suis sûre... » Non, non, ça c’était faux… Mais pourquoi me croirait-elle ? Je lui avais déjà menti une fois, pourquoi pas deux, trois, quatre ? Mais c’était vrai, je ne voyais plus Mary depuis qu’elle avait découvert que je la trompais. « Penses pas à ça d’accord. Je l’a vois lus, c’est fini, pour toujours. Penses pas à ça, juste pardonne moi. C’est pas facile ce que je demande, je le sais mais s’il te plait ! »